1er juillet 2021

Actualités

Odieuse réaction du rectorat face aux collègues de philosophie démunis

« Dialogue social », « Santorin »…que d’invitations au voyage ou à la concorde pour des instances désincarnées et méprisantes envers les personnels… Rapide rappel des faits :

  • vendredi 18 juin : une motion de l’AG des profs de philosophie de l’académie d’Amiens demande – notamment – un retour aux copies papier pour leurs quelque 130 copies et une extension du délai de correction du mardi 29 juin au vendredi 2 juillet 16h. Aucune réponse de la DEC, aucune audience accordée…
  • mardi 29 juin : l’appel à la grève des correcteurs lancé la veille est suivi.
  • le soir même vers 21h les collègues reçoivent un mail d’un certain [email protected] : le Rectorat octroie aux correcteurs dans son extrême générosité une nuit de correction !!! La fin de saisie des notes est en effet reportée du 29 juin 16h au 30 juin 9h ! La grève est reconduite au lendemain.
  • Le mépris du rectorat est-il vraiment à son comble ? que nenni ! Le 30 juin vers 10h, la quinzaine de correcteurs qui n’avaient pas terminé leurs copies au terme de l’ultimatum fixé ont vu leur lot verrouillé d’autorité et les copies restantes "redispatchées" sur d’autres correcteurs, généralement des contractuels dont on instrumentalise la précarité. La plateforme Santorin casse donc la grève légitime des collègues, qui en outre, pour la plupart, avançaient hors-ligne sur leurs copies pendant ces journées de grève.
  • Jeudi 1er juillet : les collègues décident non sans amertume de stopper leur grève.
    Prochain épisode le 6 juillet, date à laquelle une délégation de profs de philo sera enfin reçue par le rectorat. A noter que cette date n’est autre que celle des résultats du bac : certains collègues devront donc choisir entre aiguiller leurs élèves du second groupe pour les oraux de rattrapage ou aller défendre leurs droits face à une instance rectorale de plus en plus déshumanisée…
    Nos collègues philosophes sont les premiers à essuyer les plâtres d’une réforme inique du bac et plus généralement de l’Education Nationale. Nous, mais aussi nos élèves sélectionnés voire broyés par la machine Parcoursup, sommes destinés à ne devenir que de simples pions au service d’un pouvoir qui nous méprise. Unis et solidaires, nous devons faire front et exiger ensemble l’abrogation des réformes Blanquer du Lycée, du Bac et de Parcoursup.

Plus de détails avec les communiqués ci-dessous,

communiqués par l’AG réunie ce jeudi 1er juillet :
Les professeurs de Philosophie de l’académie d’Amiens ont dénoncé depuis le départ les conditions inacceptables dans lesquelles ils ont été placés pour corriger les copies des épreuves terminales de Philosophie de cette session 2021 du baccalauréat.

  • Des délais trop court (inférieurs à huit jours ouvrés) pour un nombre très important de copies (autour de 130) ;
  • Obligation de lire et corriger les copies en ligne, sous forme dématérialisée, ce qui nécessite que ceux et celles qui corrigent passent de longs moments devant leur écran avec à la clé fatigue, maux de tête et troubles oculaires. En plus de détériorer les conditions de correction, la dématérialisation entraîne une taylorisation de la tâche des professeurs qui se voient imposés une certaine cadence et sont sous surveillance étroite de l’administration.
  • Une non communication des convocations à l’oral du second groupe d’épreuves.

Devant le mutisme du Rectorat et du ministère face à nos revendications, nous avons été contraints à la grève et avons dans le même temps sollicité une audience auprès du Rectorat.
Pour seule réponse, nous n’avons pas été reçus et nos copies nous ont été retirées.
Un tel mépris est inacceptable. Il est pourtant représentatif de la manière dont sont traités l’ensemble des enseignants aujourd’hui.
Le Ministre Blanquer utilise la situation sanitaire pour accélérer la dislocation de l’école publique, pour remettre en cause l’égalité dans l’instruction et poursuivre les suppressions de postes. Les études et les diplômes sont mis en pièce, avec pour conséquence une rupture d’égalité qui se trouve encore aggravée par le recours au « tout-numérique ».

Dans ces conditions, nous exigeons :
Le retour aux corrections papiers et à des délais de correction suffisants pour mener à bien notre travail
L’abrogation des réformes Blanquer du Lycée, du Bac et de Parcoursup, machine à sélectionner dans une logique de tri social
Le rétablissement dès 2022 du Baccalauréat comme examen final, égalitaire et premier diplôme universitaire.

L’AG des enseignantes et enseignants de philosophie de l’académie d’Amiens correctrices et correcteurs du baccalauréat a décidé de cesser la grève dès jeudi 1er juillet, bien que sa revendication majeure d’un délai supplémentaire pour terminer de corriger correctement ses copies n’ait aucunement été satisfaite.
En effet, force leur a été de découvrir, mercredi 30 juin vers 10 heures, que leur lot de copies avait été verrouillé sur Santorin, les copies qu’elles et ils n’avaient pas encore pu corriger leur ayant été retirées d’office pour être attribuées à d’autres correctrices et correcteurs. Ainsi, alors même que bon nombre d’entre elles et eux avaient utilisé leur journée de grève du 29 juin pour travailler à corriger hors ligne les copies qui leur restaient, et étaient proches de la fin, ils et elles ont été mis-es dans l’incapacité de rentrer leurs notes. Pourtant, la plupart d’entre elles et eux auraient pu le faire dès ce soir.
Quel gâchis ! Tout ce travail de correction de copies fait en pure perte, pour finalement se voir confier in extremis à des collègues qui n’ont peut-être pas même pu assister aux réunions d’entente et d’harmonisation, et doivent travailler dans la précipitation.
Quel mépris, du travail des élèves comme de celui des enseignantes et enseignants ! Avec Santorin, on peut dispatcher mathématiquement les copies, peu importe qu’on constitue des lots mal brassés ou trop petits pour pouvoir être représentatifs. Et on peut les attribuer à tout enseignante ou enseignant, peu importe qu’il ou elle ait enseigné dans la série concernée ou pas, et qu’il ait pu assister ou pas aux différentes commissions qui permettent à la correction d’être collégiale.
Et quelle amertume de constater que le délai de 24 heures refusé sans le moindre dialogue aux correctrices et correcteurs qui le demandaient depuis début juin va de fait être accordé à celles et ceux qui ont été recruté-es à la dernière minute ce matin !
Dans l’académie de Lille, les correctrices et correcteurs de philosophie ont été reçu-es, et ont obtenu une prolongation de 24 heures pour accomplir leur travail. Pourquoi pas dans l’académie d’Amiens, qui est censée être son académie-sœur ?!?

Tout cela contribue à achever le baccalauréat, déjà bien dévalorisé avec Parcoursup et démantelé avec la réforme. Justement le ministre Blanquer annonce un bac à valeur encore plus locale et donc inégalitaire dès l’an prochain, avec l’augmentation de la part de contrôle continu !